Le lac Victoria, en Afrique orientale, est une véritable mer intérieure. c’est l’un des rares grands lacs à n’avoir guère changé au XXIe siècle. Il conserve encore ses immenses côtes marécageuses, ses chapelets d’îles et sa faune, dont une partie est unique au monde.
Lorsqu’il parvient au Nil, émissaire du lac Victoria, le 21 juillet 1862, John Speke réalise le rêve des géographes depuis Hérodote. L’émotion lui inspire une description lyrique : « […] un courant magnifique de 600 à 700 m de large, émaillé çà et là de récifs et d’îlots, ceux-ci occupés par des huttes de pêcheurs, ceux-là par des hirondelles de mer; des crocodiles se chauffaient au soleil; d’autres couraient entre de hautes berges recouvertes d’un épais gazon , derrière lesquelles, parmi de beaux arbres, nous pouvions voir errer de nombreux troupeaux d’antilopes, tandis que les hippopotames renâclaient dans l’eau et que sous nos pieds, ç chaque instant, floricans et pintades prenaient leur vol. »
Une myriade d’îles et des rives marécageuses
Le lac Victoria est situé sur le vaste plateau de l’Afrique de l’Est, à cheval sur l’équateur et à une altitude de 1 134 m. Troisième lac du monde par son étendue , environ 68 800 km² – il forme un quadrilatère très régulier de 300 km sur 250 km -, sa profondeur est très modeste comparée à celle des autres grands lacs : seulement 40 m en moyenne et 84 m au maximum. Il comprend de très nombreuses îles; dont la plus grande, Ukerewe, au sud-est, couvre environ 1000 km² ; au nord-ouest, l’archipel des îles Sese compte des dizaines d’îles et d’îlots. Ses bords sont caractérisés par la présence de zones marécageuses très étendues qui rendent parfois la marche difficile.
Les rives peu profondes du lace sont le siège d’un phénomène remarquable : l’émergence des insectes aquatiques par nuages de milliards de milliards d’individus atteignant parfois 1 km de long et 50 m de hauteur. Ils sont attirés par les lumières et tombent en tas sur le sol, où ils étaient jadis ramassés à la petite cuillère, bouillis ou rôtis, puis agglomérés en galettes. « Un délice », rapporte Livingstone, qui avait observé le phénomène sur le lac Malawi et comparait ces galettes à du caviar ou… à des sauterelles grillées !
